Challenge N° 5 du Déconfinement
Je suis sur ma lancée de ramer, ramer et encore ramer ! Et comme je vois de beaux paysages au fil de mes descentes fluviales, j’ai décidé d’en entamer une autre même si nous sommes déconfinés.
Je vais démarrer ce challenge sur un lac cette fois-ci.
Je mouille mon canoë sur le lac d’Annecy à l’embouchure de l’Ire, petit fleuve de Savoie et Haute-Savoie qui prend naissance dans le massif des Bauges (en contrebas du col de Chérel) et tout juste à côté de la réserve du-Bout-du-Lac (marais classé réserve naturelle Natura 2000).
Allez, je vous emmène ?
Je traverse le lac d’Annecy dans sa longueur.
Vous pouvez y pratiquer du ski nautique, de la planche à voile, du pédalo, du bateau ou tout simplement y nager ! La température du lac pouvant atteindre 26 ° C l’été. Sur tout le bord vous pourrez aussi faire du vélo, des randonnées, passer dans les ports de plaisance et visiter Annecy avec ses canaux. C’est ici à la fonderie Paccard que la cloche « La Savoyarde » du Sacré-Cœur à Paris a été coulée en 1891.
Les marchés d’Annecy éparpillés dans les vieilles ruelles et sur les petits ponts sont pour le moins pittoresques : c’est un vrai plaisir !
Au bout du lac je prends le Thiou et passe au pied du Palais de ‘Ile (ancienne maison forte du XIIème siècle), et fut un temps j’aurais dû payer à ce péage.
Je poursuis pour quelques kilomètres plus loin déboucher dans le Fier.
Je réalise 47,1 km.
Je poursuis ma descente sur le Fier et débouche dans le Rhône. Ce dernier est un fleuve d’Europe de 812 km qui prend sa source dans le glacier du Rhône (massif du Saint Gothard) en Suisse à 2 209 m d’altitude. Il parcourt 290 km en Suisse (où il s’appelle Rotten) et le reste en France pour au final se jeter dans la mer Méditerranée.
Je réalise 71,6 km – cumul 118,7 km.
Les grottes de la Balme non loin des berges du Rhône, vous surprendront avec à l’entrée les deux chapelles superposées du IXème et XIVème siècle ! Comme François Ier en 1516 entrez pour découvrir, le lac, des concrétions, des labyrinthes, des hirondelles, des chouettes, des chauves-souris…
Sur la fin de mon étape, j’arrive à Lyon qui est à la jonction du Rhône et de la Saône, son confluent, et comme disait Léon Daudet : « Lyon est une ville arrosée par trois grands fleuves : Le Rhône, la Saône et le Beaujolais. »
J’aimerais assister cette année à la fête des lumières qui a lieu au début du mois de décembre : Lyon et ses monuments se parent de mille lumières en animations diverses au fils de vos déambulations dans les ruelles de la ville et le long du Rhône.
Pour avoir un aperçu des œuvres de l’édition 2019 : https://www.fetedeslumieres.lyon.fr/fr/edition/edition-2019
Petit film d’animation de 3 minutes sur ces colosses lumineux :
Profitez-en aussi pour découvrir les « Bouchons Lyonnais »…Ces bouchons-là ne flottent pas sur le Rhône. Ce sont des petites échoppes rustiques où l’on peut déguster des plats traditionnels tels que le tablier de sapeur, les grattons, la cervelle de canut, le Jésus, le paquet de couenne, des clapotons, gratin de cardons, quenelles, pralines…accompagnés du petit ballon de vin rouge ! Ce ballon là, on ne tape pas dedans…mais parfois il nous tape un peu !
Je réalise 78,9 km – cumul 197,6 km.
Maintenant j’attaque la Vallée du Rhône, axe Nord-Sud important pour le transport fluvial avant l’arrivée du TGV. Le fleuve ayant un débit très fort il a été peu industrialisé sur ses abords. De même ses crues provoquant des inondations importantes ont rendu difficile la construction de ponts suspendus.
En passant devant Givors, on pense aux compétitions de joutes, véritables démonstrations de force et d’équilibre, qui amusaient les rois jadis aux XIIème et XIIIème siècles. On a retrouvé des traces de joutes nautiques durant l’empire Égyptien et également en Grèce antique. Sous l’Empire romain, de nombreuses naumachies se déroulaient dans des arènes conçues pour être mises en eau.
Je réalise 66,6 km – cumul 264,2 km.
A l’approche de Valence, je pourrais presque intercepter un « message in a bottle » que mes amis de Saillans (à 10 km à vol d’oiseau) auraient pu jeter dans la Drôme qui débouche dans le Rhône.
Des châteaux d’eau !
Les premiers, symboles -totems, sur le plateau de Lautagne, culminent à 34 mètres de hauteur, leur capacité de stockage est de 2500 m3 et cachent un nichoir à faucon pèlerin et des éoliennes à axes verticaux pour produire l’énergie nécessaire à l’éclairage led, pour illuminer l’œuvre la nuit tombée.Les deux autres sont des doubles châteaux d’eau s’élevant à 52 m pour une contenance de 1990 m3 et 57 m pour 850 m3.
Le château d’eau est destiné à entreposer l’eau, et placé en général sur un sommet géographique pour permettre de la distribuer sous pression dans les habitations.
Je réalise 90 km – cumul 354,2 km.
Je viens de passer Montélimar, célèbre pour son nougat ! (composé traditionnellement de miel, amandes, pistaches, blanc d’œuf).
Maintenant je suis aux abords d’Avignon, célèbre pour son pont Saint-Bénézet.
Mais si ! Vous le connaissez et à ce qu’il paraît : La, la, la … sur le Pont d’Avignon, on y danse, on y danse, … on y danse tous en rond ! Cette chanson enfantine est « non finie », donc on peut y faire défiler tous les métiers dans les couplets, à l’infini on peut la chanter…
La construction du pont en 1177 sur des restes de culées romaines reliait les deux rives du Rhône et était composé de 22 arches qui enjambaient le fleuve en formant une courbe de 920 m de long pour une largeur de 4 m. Il ne reste de nos jours que 4 arches. Donc si vous le prenez en dansant en rond, vous risquez de faire plouf !
Je réalise 94,1 km – cumul 448,3 km.
Au fil de mes coups de rames, j’apprécie sur les rives, le château de Tarascon (construction du XVème siècle). Mais où est Tartarin, le Don Quichotte provençal d’Alphonse Daudet ?
Les aqueducs construits par les Romains sont nombreux et, pour le sud de la France, on en trouvait à proximité du Rhône: 11 à Vienne, 4 à Lyon, 5 à Aix, 2 à Arles, et aussi à Avignon et Nîmes.
Justement je ne suis pas très loin de l’aqueduc de Nîmes construit au Ier siècle après JC. Il comporte 15 km à fleur de terre dont 6 km en élévation, 35 km sont enterrés ou souterrains, dont 4 km de tunnels. Son fonctionnement dura 6 siècles environ. La difficulté a été, avec les moyens de construction de l’époque, de maintenir une pente de 25 centimètres par kilomètre sur 50 kilomètres, permettant un débit de 35 000 m3/jour et ainsi apporter l’eau des sources d’Eure de la ville d’Uzes au castellum divisorium de Nîmes pour ses habitants.
Le pont du Gard (monument antique le plus visité en France et pont-aqueduc romain le plus haut du monde) est l’élément majeur de l’aqueduc de Nîmes.
Continuons la descente…
En 2007, 20 ans de fouilles subaquatiques dans le Rhône au niveau d’Arles ont permis de découvrir un buste de César réalisé de son vivant entre 49 et 46 avant Jésus Christ. Mais on a aussi ressorti la cuisse de Jupiter, une épave de navire et de nombreux objets votifs, coffres, amphores, lampes, casques en bronze, bijoux, lingots de plomb…restés ainsi plus de 2000 ans sous les eaux !
Comment ce buste taille réelle s’est retrouvé dans le fleuve ? Crues, ou discrètement éliminé après l’assassinat de l’empereur puisque, à ce moment, la détention de son portrait était politiquement suspecte ? A moins que ce ne soit pas le buste de César…
Je finis cette descente en longeant la fameuse Camargue.
Ballades à cheval entre mer et étangs, observations d’oiseaux, visite des manades de taureaux, des marais salants (Salins d’Aigues- Mortes en petit train), découverte de la riziculture camarguaise….
Je réalise 67,9 km – cumul 516 km.
Je débouche dans le delta du Rhône, voici mon épopée terminée ! J’en ai plein les yeux !