Descente de la Garonne

Challenge N° 6

Me voilà dans les Pyrénées pour descendre la Garonne et plus si affinités…vous verrez la suite à l’embouchure !

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Où la Garonne prend-t-elle sa source ?

Et bien c’est contesté : En Espagne dans les Pyrénées dans le glacier de la Maladeta (Pic d’Aneto) sous forme d’un ruisseau glaciaire qui disparaît dans un trou, le trou du Toro, puis ressort dans le val d’Aran. Cette source, appelée Garonne occidentale, est l’origine la plus lointaine de l’embouchure. D’autres revendiquent le Plà de Béret, branche la plus longue et débit le plus important, appelée Garonne orientale.

Je commence mon périple à cette dernière. Jusqu’à Toulouse c’est un gros torrent de montagne alimenté principalement par la fonte des neiges.

Je réalise 69,8 km

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En arrivant à Toulouse débute le Canal du Midi permettant la navigation plaisancière jusqu’à Sète en Mer Méditerranée (étang de Thau). Cet ouvrage construit de 1666 à 1681 sous Louis XIV et d’abord nommé « canal royal de Languedoc » s‘étend sur 240 km. Il fut une voie majeure de transport marchand jusqu’en 1970 et a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1996. Il comprend 350 ouvrages d’art dont 63 écluses, 126 ponts, 55 aqueducs, 7 ponts-canaux etc…

Tout cela grâce au génie de Riquet qui réalise des prouesses techniques en élaborant des moyens d’alimentation totale et permanente en eau.

Il défie aussi les obstacles topographiques en construisant le tunnel du Malpas (premier au monde a être construit pour un canal), 9 écluses à Fonserannes formant un escalier d’eau permettant de franchir un dénivelé de 21m, ou à Agde, une écluse ronde unique au monde permettant le croisement du canal avec les fleuves Hérault et Canalet. C’est le plus ancien canal d’Europe en fonctionnement. A Sète un autre canal démarre pour aller jusqu’à Beaucaire et relier ainsi le Rhône.

Je ne vais pas descendre le canal du midi en canoë-kayak car un jour je le ferai en péniche et vélo !

Je réalise 74,4 km – cumul 144,2 km

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En 1857 un canal latéral de Bordeaux à Toulouse est construit dans le prolongement du canal du midi pour relier l’Atlantique à la mer Méditerranée afin d’éviter le contournement de la péninsule ibérique de 3000 km.

Le canal du midi et le canal de la Garonne formant désormais le « canal de l’entre-deux mers » l’idée qui avait germée sous l’empereur Auguste, reprise par Charlemagne, François Ier et Henri IV, voit le jour !

Je réalise 76,2 km – cumul 220,4 km

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Au cours de l’étape précédente j’ai passé la ville de Toulouse connue au Moyen-Âge pour ses moulins flottants, dits moulins à nef, amarrés sur les bords de la Garonne. Au nombre de 60 ils provoquaient trop d’accidents. Les meuniers construisent alors une digue pour y édifier des moulins terriers.

En 1177, le Moulin de Bazacle doté de 12 paires de meules est le centre de multiples activités comme la minoterie, la ferronnerie, la scierie, la tannerie, la papeterie…De même pour le Moulin du Château Narbonnais. Rive droite, les moulins à poudre broyaient le salpêtre pour fabriquer des explosifs.

Le Moulin du Château d’eau construit plus tard en 1825 pompait l’eau du fleuve, purifiée dans la Prairie de Filtres. Ensuite les tuyaux sous le Pont Neuf amenaient l’eau place Rouaix pour alimenter 86 fontaines publiques. Il est de nos jours une galerie photographique. Les autres moulins ont été détruits par les crues ou transformés en centrales électriques.

Je réalise 79,7 km – cumul 300,1 km

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J’ai passé la petite ville de Valence d’Agen, où, si vous prenez le canal latéral de la Garonne, vous pourrez visiter l’un des trois lavoirs du XVIIIème siècle que les lavandières utilisaient jadis : le circulaire Del Thénon, le semi circulaire St Bernard ou celui de Pé de Gleyze.

Ces ouvrières faisaient d’abord chauffer de l’eau dans le cuvier (grand baquet) au fond duquel elles mettaient des ceps de vigne pour isoler le linge ou des rhizomes d’iris pour le parfumer, les racines de saponaires servaient d’assouplissant. Sur cela elles déposaient des sacs de cendres utilisé comme détergents puis enveloppaient le linge à laver dans un charrier (grand drap) avec des copeaux de savon. Pour le rendre plus blanc un sac de bleu de l’indigotier ou de l’outremer y était ajouté. Une fois le linge bouilli elles l’emmenaient sur des « bérouettes » au lavoir ou en bord de rivière afin d’essorer à l’aide d’un battoir sur une planche. Enfin elles n’avaient plus qu’à essarder le linge.

Allez, n’oubliez pas d’appuyer sur le bouton pour démarrer votre lessive, Messieurs-Dames !!!

Lavoir Del Thénon 
  Lavoir Saint Bernard
Lavandières sur le bord de la Garonne à Toulouse.

Particularité à Agen : en ramant sur la Garonne, je passe sous un pont canal et voilà que naviguent des bateaux 10 mètres au-dessus de moi !!

Pont canal d’Agen 539 m de long, 13 arches.

Je réalise 90,2 km – cumul 390,3 km

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Au fil de ma descente je risque de rencontrer esturgeons, anguilles, aloses, lamproies et saumons car la Garonne a toujours été un axe majeur de migration des poissons reliant l’Atlantique aux Pyrénées. Ce phénomène est instinctif : catadrome (dévalaison) pour la migration vers la mer, anadrome (montaison) pour la migration vers la rivière. Ce phénomène est différent selon les espèces : les thalassotoques (anguille, morue, hareng) se reproduisent en mer et grandissent en rivière, l’inverse pour les potamotoques (saumon, truite de mer).

Vidéo sur la migration du saumon : https://www.youtube.com/watch?v=x8qhmGhUVds

Différentes formes de passes à poissons migrateurs.

Autre attraction sur la Garonne : les mascarets ! Des vagues qui, à marée basse, remontent sur plus de 100 km et sur lesquelles sportifs s’en donnent à cœur joie. Notamment remarquable de juin à octobre sur des coefficient de 90 ou plus, cette vague de 2 mètres de haut se déplace entre 15 et 30 km/heure et est appréciée par les surfeurs, stand-up paddle, kayak…Le meilleur point de vue, dit-on, est à Podensac.

J’aimerais bien essayer de surfer le mascaret en canoë…

Je réalise 100,1 km – cumul 490,4 km

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Je viens de passer Bordeaux et ai remonté les quais où jadis les gabarres (bateaux à mâts repliables) accostaient sur les rives en pente douce pour débarquer les productions agricoles : par exemple des vimes (tiges d’osier pour attacher les vignes).

Jusqu’au 17ème siècle Bordeaux est le premier port de France.

Au milieu du 18ème siècle, les quais grouillent d’une activité portuaire intense où se côtoient les marchandises les plus diverses devant un parterre d’échoppes de bois ou de pierre et de chais en plus ou moins bon état.

Milieu 19ème siècle, les bords du fleuve sont le lieu de négoce du rhum et canne à sucre, bananes, café, cacao, arachide du Sénégal, bois exotique mais aussi du bois des Landes. Au loin, les morutiers attendent le grand départ des campagnes de pêche à Terre-Neuve, au large du Canada. De 1843 à 1892, 34 sècheries étaient installées au quai Bacalan (de l’Espagnol Bacalao : morue). De même, le flottage était main courante…cette technique permettait d’acheminer au fil de l’eau, bois de chauffage et de construction, poutres pour la cathédrale de Montauban, par exemple. Les carrassiers menaient des radeaux (carràs) mesurant de 6 à 11 mètres transportant des grumes ou troncs d’arbres des forêts vers les plaines.

De nos jours ce sont des pièces de l’A380 que l’on transporte de Bordeaux à Lagon sur des navires rouliers pour assemblage à Toulouse.

Photo de carràs au XIXème siècle   
Acheminement des pièces de l’A380

Un des ponts de la Garonne à Bordeaux : Le Chaban Delmas (du nom d’un maire de la ville durant 48 ans) achevé en 2013, est une construction moderne dont la travée centrale se lève en 11 minutes à 53 mètres au-dessus du fleuve.

Pont Chaban Delmas à la sortie de Bordeaux.

Bordeaux… Bord’eaux…Pas que de l’eau à Bordeaux :

Pourquoi ne pas quitter un instant la Garonne en face de la citadelle de Blaye, prendre le port de Beychevelle et le canal du Nord pour passer devant le Château de Beychevelle ! Profitez-en pour faire une dégustion dans ce vignoble.

La Garonne juste au bout du domaine !

Emblème du domaine : bateau baissant les voiles en passant devant le Château en signe d’allégeance au propriétaire des lieux au début du xviie siècle : « Baisse voile », qui deviendra Beychevelle.

Intéressant de voir la répartition des cépages autour des fleuves et estuaire.

C’est dans l’estuaire, à marée basse, qu’émergent des épaves, une partie des 200 navires sabordés et incendiés par les Allemands, dans la nuit du 25 au 26 août 1944, peu avant la libération de Bordeaux (l’estuaire est resté quand même impraticable jusqu’en 1949).

Une des épaves encore visibles.

Je réalise 81 km – cumul 571,4 km

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Me voilà sortant du fleuve pour déboucher dans l’océan Atlantique !

Je passe la pointe de Grave avec son phare construit à plusieurs reprises en 1823, 1842 et 1860, électrifié en 1937 et devenu autonome en 1955 (29 mètres et 107 marches). Un phare permet aux navires de repérer les zones dangereuses et les ports mais pour profiter d’une explication détaillée, regardez Jamy sur ce lien!!

https://www.youtube.com/watch?v=FVHwbjSM638

Je me souviens avoir pris le bac qui fait la liaison entre Royan (rive Charente-Maritine) et Le-Verdon-sur-Mer (rive Girondine) en mai 2017. Avec ma Maman nous avons descendu à pied la partie de la côte d’Argent entre la pointe de Grave et le Cap Ferret. En autonomie, nous avons randonné 104 km à travers la pinède, sur une voie mineure du chemin de Saint Jacques de Compostelle…

Qu’elle belle aventure ! Dure par les fortes chaleurs d’alors…un peu malfaisante pour les pieds, je dois avouer ! Mais tellement bienfaisante pour l’esprit… !

Côte d’Argent, une partie du GR 8.   
Notre randonnée : la ligne droite qui longe l’Atlantique.
Les nombreux chemins de Saint Jacques de Compostelle.

Allez continuons !

Je rame le long de la côte d’Argent en canoë- kayak…un petit coucou à Lacanau-Océan, mon QG estival depuis 2005 !

Cette ville est  traversée par le 45ème parallèle nord et donc située à égale distance du pôle Nord et de l’équateur terrestre (environ 5 000 km). Le chemin de fer arrive à Lacanau ville en 1886 et sa prolongation jusqu’à LO en 1905 : la station balnéaire est née sur la côte baptisée pour l’occasion « côte d’Argent ». Cette ligne cessera définitivement en 1978. Les tentes de plage apparaissent vers 1920 et en 1930, les bains Lacaze proposent un établissement disposant d’eau de mer chauffée. Il est dit alors que la sudation créée par l’ensevelissement du corps dans le sable, doublée des inhalations de cet air marin riche en émanations des résineux de la pinède auraient des bénéfices certains pour les bronches…

En tous cas, ce qui est très bon pour le palais, ce sont les cannelés de notre boulangerie fétiche « Pain & Co. » (2 Avenue du Mal des Logis Garnung, Lacanau-Océan).

Dans cette station balnéaire, repaire de surfeurs, vous pourrez parmi ses déferlantes océaniques, faire en plus du surf, du kite surf, body board, stand up paddle et tant d’autres variantes. Attention quand même aux baïnes et shore break !

Kite surf  
  Wing foil       
Stand Up Paddle

Je réalise 76,5 km – cumul 647,9 km

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Je continue ma descente pour m’approcher du Bassin d’Arcachon et passe devant la dune du Pilat haute de 106 m à 110 m selon les années, variation due au phénomène d’accrétion. C’est la plus haute dune d’Europe. Elle se compose de dunes paraboliques (en forme de U allant de 20 à 40 m sur 1 km de long) et de barkhanes (en forme de croissant de 2 à 8 km de long et de 20 à 80 m de haut). La partie Nord est en érosion chronique depuis des relevés de 2002 et accuse un recul du trait de côte (pied de dune) d’environ 4 mètres par an.

Schema de coupe de la dune du Pilat

Bassin d’Arcachon et ses bancs de sables au fil des marées.

Je rentre dans le bassin en faisant bien attention aux bancs et brisants et passe devant Bélisaire où vous pouvez prendre le petit train qui fait la liaison terrestre entre le bassin et l’océan. Plus haut ne manquez pas de vous arrêter dans les adorables villages de L’Herbe, Le Canon et bien d’autres encore pour faire la tournée des popotes et déguster les fabuleuses huîtres arcachonnaises sorties à la minute de l’eau !

Je remonte jusqu’à l’entrée du canal des étangs après Claouey par la réserve naturelle nationale des prés salés.

Je réalise 51,2 km – cumul 699,1 km

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 Le canal des Étangs est un cours d’eau reliant au bassin d’Arcachon, le lac de Lacanau et le lac d’Hourtin ou de Carcans construit en 1824.

Les travaux d’assainissement durant la deuxième moitié du 19ème siècle sont menés par le célèbre ingénieur des Ponts et chaussées, Jules-François-Saint-Hilaire Chambrelent. Ils sont accompagnés par l’introduction des pins maritimes pour reboiser les Landes. Donc en remontant, je débouche dans le lac de Lacanau qui fait environ 20 km2 et où les Américains, durant la première Guerre Mondiale, ont construit une base navale d’hydravions (avions à coques ou flotteurs ayant la capacité d’amerrir ou de déjauger sur l’eau).

Ne manquez pas de faire une merveilleuse balade sur le lac de Lacanau avec la pinasse de « Robison » en fin d’après-midi : profitez d’un apéritif au fil de l’eau, une pause baignade dans la marina de Talaris… « Zenitude » et convivialité assurées pour l’avoir testé en famille et entre amis !

Si vous êtes plus sportifs vous pouvez faire de la voile ou même du paddle géant à 8 personnes sur ce lac… Rigolades et convivialité assurées aussi pour l’avoir essayé avec une fine équipe d’amis !

En attendant je remonte encore le canal en longeant l’étang de Cousseau pour finir dans le lac de Carcans ou Hourtin (vous le nommez selon votre gentilé Carcanais ou Hourtinais).

Je réalise 44 km – cumul 743,1 km

Voilà pour ce 6ème périple aquatique. Mais où va m’emmener le 7ème ?

Descente de la Garonne et plus…743 km